
Le gouvernement malgache a officiellement déposé une plainte pour falsification de documents et atteinte à la sûreté de l’État, à la suite de la découverte de cinq avions immatriculés à Madagascar sur le territoire iranien. L’affaire, révélée récemment par un média international, suscite de vives inquiétudes tant sur le plan national qu’international.
Lors d’une conférence de presse tenue à Anosy, le ministre des Transports et de la Météorologie, Valery Ramonjavelo, a dénoncé des manœuvres frauduleuses impliquant l’utilisation illégale de certificats délivrés par l’Aviation civile de Madagascar (ACM). Il était accompagné du ministre de la Sécurité publique, du ministre délégué à la Gendarmerie nationale, ainsi que de représentants du parquet d’Antananarivo.
Les faits remontent à janvier 2025, lorsque l’ACM a délivré, à titre provisoire, des certificats d’immatriculation et de navigabilité pour cinq Boeing 777-200. Ces documents, valables respectivement jusqu’en avril 2025, avaient été octroyés dans le but de permettre le transfert des appareils vers le Kenya pour des travaux de maintenance. L’initiative aurait été portée par un promoteur local en collaboration avec un investisseur étranger. Toutefois, selon le ministre, le projet n’a pas été mené à terme et les deux initiateurs ont par la suite rompu tout contact avec les autorités malgaches.
La situation a pris une tournure inattendue lorsque l’ACM a été informée par son homologue cambodgienne de la présence des mêmes aéronefs sur son territoire, avec des documents dont les dates semblaient avoir été modifiées. Face à ces irrégularités, une première plainte pour usage de faux avait déjà été introduite.
La révélation de la livraison des avions à l’Iran, pays soumis à de sévères sanctions internationales, a ravivé l’affaire. Le gouvernement malgache, pris de court, affirme avoir appris cette information par voie de presse. D’après le ministre Ramonjavelo, l’utilisation frauduleuse de l’immatriculation malgache pourrait nuire gravement à la réputation du pays et compromettre ses relations diplomatiques. Une demande d’explications a été adressée au gouvernement cambodgien, en parallèle d’une requête pour l’ouverture d’une enquête internationale auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Par ailleurs, deux avis de recherche ont été émis contre les principaux protagonistes du dossier : le promoteur malgache ( ANDRIAMANANARIVO Heriniaina Rijasoa) et son associée ( KHUSHWINDER Singh – nationalité indien ) . Le ministre de la Sécurité publique a évoqué des arrestations en cours, sans toutefois en révéler les détails. Une enquête interne aurait également été déclenchée au sein de l’ACM pour détecter d’éventuelles complicités internes.
Le gouvernement reconnaît que des manquements ont été enregistrés dans le suivi du dossier, notamment après l’arrêt des échanges avec les porteurs du projet. Certains estiment qu’un renforcement de la vigilance aurait été nécessaire, notamment après l’incident du 20 juin qui avait déjà mis en lumière des incohérences dans les documents.
En toile de fond, cette affaire met en jeu l’intérêt supérieur de l’État malgache, dont l’image internationale se retrouve ternie. Elle soulève également des questions sur la responsabilité des autorités administratives et la nécessité d’un contrôle rigoureux dans la gestion des immatriculations aéronautiques.