Les Voix du Vivant à Toliara : les communautés côtières en première ligne de la réflexion

Voix du vivant

 

La quatrième séquence du programme « Les Voix du Vivant » s’est tenue le 14 novembre dernier à la Salle de conférence de la Présidence de l’Université de Toliara. Organisée par le Laboratoire Océan Indien de la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie et l’Université de Toliara, elle était consacrée au thème : « Répondre aux inquiétudes des communautés côtières : migrations et gouvernance des pêches ».

Un rendez-vous tourné vers les réalités du littoral

Lancé le 4 juin 2025, le programme « Les Voix du Vivant » explore les liens entre gouvernance démocratique, savoirs contextualisés et rapports au vivant dans les îles de l’océan Indien. Après Antananarivo, Dakar et Antsiranana, cette nouvelle étape à Toliara — territoire emblématique des pêches artisanales, des migrations internes et des transformations écologiques — a mis en lumière les défis auxquels font face les communautés littorales.

L’esprit du programme, inspiré par les travaux du professeur Achille Mbembe, consiste à repenser la démocratie en intégrant pleinement les voix du terrain. L’objectif est de faire entendre les expériences souvent marginalisées, de croiser connaissances académiques, savoirs situés et expressions artistiques, et d’imaginer de nouvelles formes d’action publique.

Les organisateurs ont souligné que de nombreux pêcheurs côtiers, témoins directs de l’évolution des ressources marines, ne sont que rarement écoutés, alors même que leur survie dépend exclusivement de la pêche.

Une table ronde profondément ancrée dans le vécu des communautés

La séquence a été ouverte par le propos inaugural du Dr Thierry Razanakoto, maître de conférences en économie à l’Université d’Antananarivo, suivi d’une table ronde portant sur les migrations et la gouvernance des pêches.

La rencontre a été modérée par Josie Dominique, Enseignante-Chercheure à l’Université d’Antsiranana et Directrice de la Recherche et de l’Innovation au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur.

Panélistes :

Mercie Ramilanajoroharivelo, Mahafaly Seascape Lead – WWF Madagascar

Tsitsobo Brackfort, Président de la Fédération MILANORIAKE

Jean Claude Raniaina (Foloay), Président de l’Association TAMIA et Doctorant en sociologie à l’Université Sorbonne Paris

Ianjatana Randrianandrasana, Docteure en droit, enseignante-chercheure au Centre de Recherche sur le Développement (UCM)

Les représentants communautaires Tsitsobo Brackfort et Jean Claude Raniaina ont été les porte-voix des pêcheurs, rappelant leurs inquiétudes croissantes face à la raréfaction des ressources, aux pressions économiques et aux effets du changement climatique sur la pêche artisanale.

Un espace de réflexion et de co-construction

La coordination de cette séquence était assurée par Dr Randianina Radilofe, du Laboratoire Océan Indien. Elle a réaffirmé la vocation du programme : créer un espace partagé entre chercheurs, décideurs publics, associations, artistes, jeunes et communautés locales.

Selon elle,

 Toliara constitue un lieu clé pour comprendre les préoccupations des communautés côtières et imaginer avec elles des formes de gouvernance des pêches respectueuses du vivant, de la dignité humaine et des exigences de justice sociale.

Dans la continuité des réflexions portées par Achille Mbembe, « Les Voix du Vivant » propose ainsi de repenser la démocratie à partir des milieux où s’entremêlent vies humaines, non humaines et écosystèmes, loin des débats théoriques détachés des réalités quotidiennes.

Un partenariat ancré dans le territoire

Organisée avec l’Université de Toliara, cette séquence a renforcé les liens entre institutions académiques, acteurs associatifs, structures de coopération et communautés locales.
Elle s’inscrit dans l’engagement de la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie pour une gouvernance du vivant attentive aux fragilités, mais aussi aux ressources d’innovation et de créativité propres aux territoires insulaires.