À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées célébrée le 3 décembre, plusieurs femmes en situation de handicap ont témoigné des discriminations persistantes auxquelles elles font face dans les centres de santé publics, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive.
Les personnes en situation de handicap restent parmi les plus vulnérables face aux discriminations au sein de la société malgache. Une réalité encore palpable dans de nombreux établissements de santé où la stigmatisation demeure fréquente, comme en témoignent plusieurs mères handicapées rencontrées récemment.
Grossesses difficiles et discriminations répétées
Selon ces femmes, les attitudes de rejet à leur égard s’intensifient durant la période de grossesse. Certaines affirment avoir été humiliées ou ignorées par le personnel de santé, une situation qu’elles décrivent comme profondément traumatisante. Malgré ces épreuves, elles disent avoir trouvé la force d’aller de l’avant grâce à différentes formations axées sur le développement personnel et la valorisation de la personne.
Handicap mental : des violences encore trop courantes
Les personnes handicapées se répartissent globalement en quatre catégories : handicap physique, mental, auditif et visuel. D’après Vero Raharimalala, présidente de l’AFHAM Analamanga, les obstacles rencontrés varient selon le type de handicap, mais ceux affectant les personnes ayant un handicap mental sont particulièrement alarmants.
« Ce sont elles qui subissent le plus de violences, souvent des abus sexuels qui se soldent par une grossesse », alerte-t-elle. Elle dénonce également la violation de leurs droits reproductifs, souvent confisqués par leurs proches prenant des décisions à leur place.
CSB II Antanimena : une amélioration de l’accueil, mais des besoins réels
Au CSB II d’Antanimena, deux des quarante femmes qui viennent suivre des séances de planning familial sont en situation de handicap, majoritairement mental. Le personnel assure toutefois que des efforts ont été faits pour éliminer les pratiques discriminatoires.
« Nous avons revu notre manière d’accueillir ces patientes afin d’éviter toute forme d’exclusion », explique Fenoarisoa Randriafanisana, sage-femme du centre.
Des frais d’accouchement trop lourds pour les femmes handicapées
Selon Lala Raharivelo, présidente de l’AFHAM Analamanga, les personnes handicapées ont les mêmes attentes que tout citoyen. Parmi leurs demandes prioritaires figure la réduction des frais liés à la césarienne, une opération quasi systématique pour les femmes handicapées physiques lors de l’accouchement. « Elles souhaitent simplement bénéficier de conditions adaptées à leur situation », souligne-t-elle.
Un plaidoyer toujours en cours
Le combat pour une prise en charge spécifique et digne se poursuit, indique Dr Jean Claude Rakotomalala, directeur du réseau OSC Santé COMARESS. D’après lui, plusieurs actions en faveur de la santé, des droits reproductifs et des soins généraux sont en cours pour améliorer le quotidien des personnes handicapées.
Un appel à une société réellement inclusive
La célébration du 3 décembre, organisée en partenariat avec « Humanité et Inclusion », a permis de mettre en lumière le thème retenu pour 2025 :
« Construire une société inclusive et donner toute sa place aux personnes en situation de handicap pour un développement partagé. »
Un message fort, mais dont la concrétisation nécessite encore de profondes transformations au sein de la société et du système de santé.