


Antananarivo, Carlton – 11 avril 2025
La sécurité routière s’impose aujourd’hui comme une priorité nationale à Madagascar. Lors d’un événement organisé à l’hôtel Carlton par le Ministère des Transports en partenariat avec le Groupement des pétroliers, l’Agence des Transports Terrestres et plusieurs partenaires internationaux, l’ampleur dramatique des accidents de la route a été mise en lumière : 21 décès par jour, soit un mort toutes les 26 minutes, principalement parmi les jeunes.
L’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la sécurité routière, Jean Todt, a rappelé que 38 % des victimes en Afrique sont des piétons, tandis que les usagers de deux-roues et les cyclistes représentent respectivement 7 % et 5 %. Il a insisté sur une stratégie fondée sur l’application des lois, l’amélioration des infrastructures, la qualité des secours et la protection des usagers vulnérables.
Le Ministre des Transports, Valéry Ramonjavelo, a quant à lui affirmé que les accidents de la circulation constituent la première cause de mortalité chez les 15-24 ans à Madagascar. Le ministre de la Santé, Laurent Musango, a souligné l’efficacité du port de la ceinture de sécurité, qui réduit de 50 % les risques de décès, et celle du casque qui peut sauver jusqu’à 70 % de vies.
Malgré les efforts passés, le pays continue de faire face à d’énormes défis : manque de coordination, absence de données fiables, routes en mauvais état, parc automobile vieillissant, et services de secours inadaptés. Une étude de l’OMS estime que l’insécurité routière coûte plus de 7 % du PIB malgache. Le manque de sensibilisation, l’obsolescence du code de la route, et l’insuffisance des contrôles techniques aggravent la situation.
Une stratégie nationale ambitieuse
Pour y remédier, Madagascar s’est engagé dans une réforme en profondeur de sa politique de sécurité routière. Appuyée par la Banque mondiale, cette nouvelle stratégie repose sur cinq axes : la gouvernance, les infrastructures, la sécurité des véhicules, les comportements des usagers et les soins après accident. D’ici 2030, le pays vise à réduire de moitié le taux de mortalité routière (passant de 28 à 14 décès pour 100 000 habitants) et à abaisser de 25 % les pertes économiques liées aux accidents.
Des actions concrètes sont engagées : adoption du plan décennal 2023-2028, création du Comité national de la sécurité routière dirigé par le Premier ministre, digitalisation des permis de conduire, campagnes de sensibilisation dans les écoles, acquisition de radars et d’alcootests, et relance des travaux de réhabilitation des routes dès 2025.
L’objectif est clair : assurer une circulation plus sûre à Madagascar, en ligne avec les Objectifs de Développement Durable de l’ONU. La réussite de ce combat nécessite toutefois une approche intersectorielle, comme l’a rappelé le ministre des Travaux publics, Richard Théodore Radison, également présent à l’événement.